Le prix de l’électricité à Djibouti, serpent de mer ou hydre indomptable ?
Partie 1
 
 

Voilà une problématique qui hante la majorité des ménages djiboutiens à l’approche de chaque facture bimensuelle.

Depuis l’accession du pays à son indépendance, cette question pèse comme une épée de Damoclès sur la population et handicape fortement le développement du pays.

Quelles sont donc les justifications qui conduisent la direction de l’entreprise publique Electricité de Djibouti et son inamovible directeur depuis 1985, M. Djama Ali Guelleh (cousin germain du président de la République) ?

Bref rappel historique

Pour commencer, définissons deux grandeurs physiques que le commun des mortels confond bien souvent : la puissance et l’énergie. Pour faire simple, assimilons la puissance à la « force » d’un culturiste. Si ce dernier pousse pendant une certaine durée une voiture en panne, il aura dissipé une certaine quantité d’énergie : l’énergie est une puissance dissipée pendant une unité de temps. La puissance se mesure en Watts (W) et l’énergie en Watt.heure (puissance multipliée par temps) et non watt par heure ! Pour celle et ceux rebutés par ce salmigondis, retenez juste que la facture que l’on paye est de l’énergie exprimée en kiloWatt.heure (mille Watt.heure). Passons !

La « fée électricité », selon l’expression consacrée par Colette Dubois[1] au sujet (en référence à une peinture de Dufy), est arrivée à Djibouti dès 1899 mais son développement industriel débute vraiment en 1960, année de création d’une régie d’électricité, Électricité de Djibouti. À cette date, la centrale électrique du plateau du Marabout a une capacité installée de 3600 kVA (kilovolt.ampère, rassurez-vous, c’est unité de puissance comme le Watt) portée à 5250 kVA (environ 4200 kW) en 1965 pour environ 732 clients. Au lendemain de l’indépendance, cette puissance est portée à 35 000 kW avec l’achèvement de la deuxième phase de la centrale de Boulaos qui a vu le jour en 1976. Moins de 10% de la population de la capitale est alors raccordée au réseau de distribution électrique. Notons que l’électricité est exclusivement produite grâce à des groupes électrogènes tournant au Diesel.

Ensuite, les années 1980 ont été marquées par une démographie galopante de Djibouti-ville et des demandes de raccordements auxquelles l’EDD peine à répondre, malgré un doublement de ses capacités de production portées à près 60 000 kW. La gestion opaque de l’établissement public, le clientélisme de son nouveau directeur (entré en 1983 au sein de l’EDD, en devient Directeur général en 1985, quelle prouesse !) et les problèmes techniques entrainent des délestages, surtout en période estivale.

  1. Djama Ali Guelleh, qui ne rate pas une occasion d’incriminer le consommateur djiboutien qu’il abhorre, explique « qu’il faudrait que tous les Djiboutiens s’acquittent de leurs factures d’électricité tout d’abord […] et que les trop nombreuses fraudes puissent enfin cesser (sic) »[2].

Depuis l’interconnexion

Survolons les années noires de l’EDD entre les années 1990 et 2000 et faisons un saut jusqu’en 2011, date à laquelle le pays diversifie ses sources d’approvisionnements en construisant une ligne d’interconnexion électrique pour bénéficier de l’énergie hydroélectrique du voisin éthiopien (via un financement de la Banque Mondiale et de la Banque Africaine de Développement). Le pays bénéficie alors d’une énergie à un tarif préférentiel de 7 cUSD/kWh (~ 12,5 DJF/kWh) pour une puissance appelée de 60 MW. Un prix beaucoup plus faible que celui liée au coût de production de nos vieilles centrales nationales (22 cUSD/kWh = 39 DJF/kWh). Cependant, le contrat d’achat d’énergie avec l’Éthiopie ne prévoit aucune clause de livraison garantie : vous l’aurez compris, notre géant voisin n’a aucune obligation contractuelle de nous fournir de l’électricité en continu, d’où les nombreux délestages contre lesquels les autorités djiboutiennes ne peuvent absolument rien faire.

En résumé, pour répondre à la demande électrique des consommateurs de la capitale, l’EDD disposait en 2015 de :

  • 113 MW ventilés entre les centrales thermiques du Marabout et Boulaos (fioul lourd et Diesel)
  • 60 MW d’électricité hydroélectrique importée d’Éthiopie

Entre 2011 et 2015, l’importation nette d’électricité, comme on l’observe sur ce graphique, supplante substantiellement la production électrique nationale : plus de 77% de la demande est comblé par l’énergie importée à un prix préférentiel, on l’a vu, de 12,5 DJF/kWh. Pour autant, les tarifs d’électricité ne diminuent pas.

On est donc en droit de s’interroger, au vu de ces données, pour quelle raison les autorités djiboutiennes n’ont pas consenti à alléger le fardeau de la facture d’énergie des contribuables djiboutiens. Les explications fournies par le directeur de l’EDD n’ont pas convaincu le public : en témoigne sa piètre performance lors de son passage télévisé pour répondre aux revendications légitime du collectif « Oui pour une électricité moins chère à Djibouti ». Fier comme un coq, il a voulu noyer le poisson en expliquant que l’EDD a entrepris de nombreux projets et qu’elle doit honorer ses dettes. Est-ce au consommateur de supporter cette charge ? Quand l’on sait que l’un des objectifs du projet d’interconnexion électrique était justement une diminution du prix de l’électricité, la réponse de Djama Ali Guelleh peine à convaincre.

La réponse à cette question est ailleurs : l’EDD supporte de nombreuses charges inavouables au grand public.

Hormis les hauts fonctionnaires et les Ministres qui bénéficient de quotas d’énergie (pour ne pas dire d’une gratuité), de nombreux anciens ministres en odeur de sainteté aux yeux du régime, la famille proche du directeur et de nombreuses personnalités bénéficient de cette gratuité.

Par ailleurs, les institutions publiques et Ministères, surtout à la Cité Ministérielle, ne s’acquittent guère à la hauteur de leurs consommations. Sans même parler du clientélisme politique, de la gabegie par manque d’une vraie politique d’efficacité énergétique, de la mal-gestion de cette institution. Nous avons à ce propos consulté la grille salariale du personnel de l’EDD : quelle n’a pas été notre surprise en constatant que, sous prétexte de quotas d’énergie qui leurs sont accordés, les salariés de l’EDD sont les moins bien payés de toute l’administration publique.

Pour revenir à la clientèle politique du régime, qui paie donc la facture énergétique de tout ce beau monde ? Le consommateur lambda.

Le contribuable djiboutien, dont le pouvoir d’achat s’amenuise chaque jour un peu plus, est le seul à combattre cette véritable « hydre électrique » à défaut de profiter de l’hydro-électrique bon marché.

Nous reviendrons dans un prochain article sur tous ceux qui bénéficient de cette largesse du régime et sur la prestidigitation de sieur Djama Ali, « ingénieur diplômé » (comme il aime à se présenter), pour tuer dans l’œuf le mouvement citoyen #Ouipouruneélectricitémoinschèreàdjibouti.

Ahmed Hassan

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[1] https://www.persee.fr/doc/outre_1631-0438_2002_num_89_334_3927

[2] https://human-village.org/spip.php?article32

COMMISSION pour la Préparation
de la Plate forme  de Transition
 
 

Tout le monde s’accorde à reconnaitre que la principale faiblesse de l’opposition se situe sur sa division.
Partant de ce constat, il apparait essentiel de continuer et d’amplifier l’appel du Bourget I et II. à une transition démocratique
Un appel à tous les partis politiques, à toute la société civile, à tous (tes) les citoyens (ennes) Djiboutiens à participer à une plate-forme de transition.
Pour réussir cette plate-forme, nous devons TOUS la préparer.
Il s’agira de présenter aux participants de cette plate-forme un document de travail (élaboré collectivement), qui servira de Charte pour un Djibouti libre et en Commun.
Toutes les idées sont les bienvenues et seront débattues.
Aucun sujet ne doit être occulté.
Chacun d’entre nous s’engage à devenir force de proposition mais aussi critique.
Devant l’urgence de la situation, une commission pour la préparation  de la plate forme de la transition s’est constituée à Nantes qui sera composée d’un secrétariat et des membres. Cette commission est appelée à s’agrandir au fur et à mesure de la composition de sous commissions.

 Les objectifs de cette commission : 

  1. Identification des thèmes  des débats
  2. Division de travail en distribuant des sujets aux différentes sous commissions
  • Centraliser les travaux des différents groupes et présenter des synthèses
  • Favoriser  les concertations
  • Préparer la grande réunion de l’opposition

Thèmes à préparer :  (liste non exhaustive)

1-    Volet social et sanitaire

  • : mettre fin aux famines, à la malnutrition et à la soif qui affectent la majorité de la population. Préparation des projets  y afférents.
  • Lutter efficacement  contre la soif  qui est le compagnon des populations rurales
  • Améliorer l’énergie et baisser drastiquement les coûts de l’électricité et de l’eau
  • Assurer la santé de base

2-    Volet économique    

Les réformes économiques et lutte contre la corruption 

  • Audit des dettes contractées par l’Etat et les établissements publics
  • Amorce des créations des pôles économiques dans chaque région
  1. Réformes politiques et institutionnelles    –

 Réformes démocratiques ; constitution, lois organiques

Réformes de la citoyenneté et refonte des listes électorales

Véritable décentralisation des régions

  1. -Reconstruction et Réparations 
    • Reconstruction des zones détruites par la guerre
    • Réparations des massacres, exécutions extrajudiciaires des tortures et des viols
  2. Réformes sécuritaires et militaires 
  • Réformes de l’armée, de la gendarmerie, de la sécurité et de la police
  •  Proposition de la  fusion entre la marine et les Gardes Côtes

Plusieurs organisations politiques et personnalités de l’opposition participent aux travaux de cette commission

  • ARD,  RADDE, FRUD, UDJ, FPC,
  • Moussa Mohamed Ainaché, Nidal Mahmoud Ibrahim, Ilyas Hassan et plusieurs autres .

La Commission reste largement ouverte aux autres mouvements  et personnalités de la société civile

Nous allons présenter les premières esquisses    de cette plate forme à tous les participants   dans un mois..

Le secrétariat